La guerre des monnaies n’aura pas lieu ?
A chaque crise le rebond de l’économie ne va pas de soi. Un certain nombre de mécanismes peuvent jouer le rôle de catalyseur d’une reprise économique et la dévaluation d’une monnaie fait partie de ces outils. L’ennui est que les pays qui contrôlent une monnaie pivot de l’économie mondiale ont parfois tendance à se lancer dans une concurrence de dévaluation qui saborde par ricochet les trésors des autres nations. Alors que le les gouverneurs des banques centrales et les ministres des finances des pays du G20 étaient réunis à Moscou la question a ressurgi.
En effet depuis le changement de gouvernement au Japon en novembre dernier et l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, le yen a perdu 20% de sa valeur ce qui a eu immédiatement pour conséquence de gonfler les profits de ses entreprises du même montant et de rendre son territoire plus compétitif. Evidemment le pays, en pleine recherche de croissance, en a besoin mais il n’est pas sûr que l’initiative ai plût aux pays détenant des yens dans leur trésorerie. En effet, comme pour toute dévaluation, la monnaie détenue partout dans les coffres des autres banques a instantanément fondu de 20%.
Le problème est que si le Japon est habitué à ce type d’action éclair sur une courte période, certains pays ont l’habitude de jouer avec leur monnaie et sur le long terme. La Chine par exemple maintient sa monnaie à un taux artificiellement bas depuis longtemps afin de conserver son avantage compétitif. Les Etats-Unis sont aussi habitués à faire marcher la planche à billet pour reprendre l’avantage sur l’économie mondiale. Une manœuvre d’autant plus simple pour eux que toutes les monnaies étant indexées sur la leur ils sont à la fois juge et parti. Même la très orthodoxe BCE a menacé d’imprimer autant de billets que nécessaire pour parer à toute défaillance dans sa zone.
Lors de ce G20 de la finance nous assistons donc à une opposition entre puissances émergentes et puissance industrielles. Les premières étant largement en positif sur leur balance commerciale, ils engrangent énormément de devises des secondes. Or si ses dernières dévaluent, les réserves fondent et les puissances émergentes voient leur trésor s’envoler.
La question est donc de savoir si on se dirige vers une nouvelle guerre des monnaies qui chamboulerait le commerce mondial ou si les puissances du G20 parviendront à s’entendre.
En vérité la question se pose plutôt sur la direction à prendre : une plus grande austérité ou une relance favorisant la croissance au niveau mondial. La première alternative semble la plus probable, l’Allemagne s’arc-boutant toujours sur l’austérité mais ayant au G20 moins d’influence qu’en Union Européenne.
En espérant que cette histoire ne prendra pas la tournure d’une pièce de Giraudoux.